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Publié par Régine BIANGONGA

Actes Santé mentale et précarité 29 11 2007 RENNES

  "Le FMI nous envoie chez le psychiatre” titrait l'article publié dans un quotidien grec en juin dernier* :
"Les entrées dans un hôpital athénien ont doublé au cours de 4 derniers mois, c’est le cas notamment en psychiatrie. La raison est simple : la Grèce est en pleine crise, tout augmente. Les Grecs ont peur de l’avenir. Du coup, les médecins et les psychiatres sont débordés. Les patients veulent un médicament qui leur permette de mieux vivre ces moments difficiles."

* http://www.france-info.com/chroniques-le-bruit-du-net-2010-06-09-le-fmi-nous-envoie-chez-le-psychiatre-bp-achete-les-mots-cles-maree-452366-81-113.html 

 

Quelles sont les accointances entre les difficultés sociales et politiques (perte de travail, difficultés de logement, augmentation des prix, retraites de plus en plus tard au rabais....) auxquelles nous sommes confrontés chaque jour et la perte de raison prolongée ?

Je pense que la question mérite d'être posée

Car

se sont bien des TENSIONS,  qui peuvent devenir INSUPPORTABLES, auxquelles nous sommes continuellement soumis au sein du grand corps social qui nous entoure : la société moderne d'aujourd'hui.

 

Sociologues, psychiatres, spcécialistes en Sciences Humaines et Sociales se sont penchés sur ces questions. 

 Jean FURTOS psychiatre, fondateur en 1996 de l' OSPERE (Observatoire Régional Rhône-Alpes sur la Souffrance Psychique en Rapport avec l’Exclusion) s'est attaché à comprendre et expliciter les liens entre précarité, vie sociale et santé mentale.

Il pose les bases de ce qu'il nomme la CLINIQUE PSYCHOSOCIALE

en s'appuyant sur les travaux de sociologues intéressés par la question sociale tels que Robert CASTEL .

  

Jean FURTOS rédige en 2000 : Epistémologie de la clinique psychosociale  (la scène sociale et la place des psy)[1]. Dans ce document, il détaille son analyse où la clinique psy s'imbrique inextricablement dans la vie sociale marquée par la notion de PRECARITE. " l’évidence muette doit parfois être parlée avec force : il n’y a pas de clinique hors contexte social;  l’institution soignante évolue avec lui comme les formes cliniques, les modalités d’accès aux soins et le soin lui-même. En l’occurrence, dans notre société néolibérale et post-moderne, le contexte est celui de la précarité." 

  

Ci-contre, les extraits et schémas récapitulatifs posant les bases de la réflexion de Jean FURTOS à partir des travaux de Robert CASTEL (cf pages 4 et 5 du document Epistémologie de la clinique psychosociale) :

   

Epistémologie de la clinique psychosociale  (la scène sociale et la place des psy)[1]

 

"Le schéma sociologique de R. Castel :

Il est indispensable de sortir de l’équation : précarité = SDF. Mettre une barrière entre les précaires et les non précaires là où elle n’est pas entraîne un océan de méconnaissances, et permet en contrecoup de jouir de la fascination romantique du SDF, qui n’a d’égal que la force du rejet qui maintien à distance : « C’est lui, c’est pas moi ». En réalité, nous vivons dans une société en voie de précarisation généralisée où la perte possible ou avérée des objets sociaux obsède, et où la frontière trop visible entre les SDF et tous les autres rassure à bon compte.

C’est pourquoi, le schéma du sociologue R. Castel indiquant les trajets possibles en situation de précarité nous décentre de ces dichotomies trop rapides : »

 

Intégration par le travail

+

               

VULNERABILITE

 

 

INTEGRATION

 

 

DESAFFILIATION (EXCLUSION)

 

 

ASSISTANCE

 

-                                                        +                                                               Insertion dans le lien social

 

Le schéma sociologique revisité en termes de processus psychique :

 

« L’expérience clinique nous a conduits à revisiter ce schéma du point de vue des processus

de désillusion, de deuil, d’anticipation, c’est à dire par rapport à la temporalité. »

 

Travail

+

 

 ZONE 2 :   VULNERABILITE

      

 - Précarité exacerbée

 

 - Désillusion et deuil  problématiques

 

- Anticipation catastrophique de la perte, peur de l’effondrement) (souffrance qui empêche de vivre,  « stress », mélancolisation)

 

 

 


   ZONE 1 :   INTEGRATION

 

- Précarité « normale »

 

-Désillusion et deuil non catastrophiques

 

- L’anticipation de la perte ne ferme pas l’avenir (souffrance qui permet de vivre)

 

 

   ZONE 4 :   DESAFFILIATION     

                (EXCLUSION)

 

AUTO EXCLUSION DE SOI-MEME

_ Désubjectivation

_ Troubles des comportements

REVERSIBILITE PROBLEMATIQUE

NARCISSISME NEGATIF

SOUFFRANCE QUI EMPECHE DE SOUFFRIR

CLINIQUE « DE LA CASSE »

 

 

    ZONE 3 :    ASSISTANCE

 

- Précarité compensée par des Objets Sociaux substitutifs

- SYMPTOMES PSYCHIQUES REVERSIBLES (honte, découragement, inhibition, etc.)

- Anticipation « ouverte » (souffrance qui empêche ou permet de vivre), selon l’environnement actuel et l’histoire du sujet.

LE CONTRAT NARCISSIQUE TIENT

BONNE SANTE POSSIBLE

 

 

-                                                                             +                                                                                     Lien Social    

 « On note que la zone de la vulnérabilité (zone 2) qui a pourtant conservé les objets sociaux, et d’abord le travail, est davantage déstabilisée que la zone 3 où les objets sociaux sont perdus et en partie compensés par des mesures d’assistance ; autrement dit les processus psychiques, bien que socio-dépendants, n’en sont pas pour autant mécaniquement déterminés. Dans le même esprit, les « petits boulots » et les « nouveaux métiers » du type emploi jeune précarisent du point de vue d’une société salariale à statuts fixes, mais ne sont pas nécessairement situés en zone de vulnérabilité psychique : selon la manière dont ils se déroulent dans la situation actuelle, et selon la subjectivité, ils peuvent aussi bien se situer dans l’un des quatre cadrans, et même circuler de l’un à l’autre dans un trajet pas toujours prévisible…. »

   

Ceci nous montre la PRECARITE -toujours ce même mot- de notre possible maintien en bonne santé mais aussi la complexité, la diversité des paramètres qui influent sur notre BONNE SANTE : l'histoire de vie, le nombre de liens sociaux, l'absence ou la présence d'un travail (stable ou plus précaire (!)), les autres objets sociaux -activités culturelles, associatives...-, les liens familiaux, amicaux....  

 

RESTER en BONNE SANTE

  Est alors assurément

  Fonction d'un bon terreau SOCIAL

 

Et 

 

Donc en corollaire

 

Il semble bien que la SOCIETE peut engendrer une perte de SANTE MENTALE GRAVE,

Irréversible ? 

 


 

 
 

 

 

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